Heliogabale – The Full Mind is Alone the Clear

« The Glittering Fish », premier morceau totalement habité, est une des plus belles synthèses de ce son de fin de siècle, abrasif et dissonant, fait de syncopes hypnotiques. L’album est dense, 17 morceaux jonchés de riffs tordus et d’explorations sonores dignes du Sonic Youth des débuts, le groove en plus. Et si ce rock-là est exigeant et ambitieux, il reste direct. Le chant de Sasha Andres oscille entre spoken words rugueux et cris de chanteuse de cabaret en rage. Quelque part entre Lydia Lunch* prêtresse de la No Wave, David Yow gobeur de micro chez Jesus Lizard et une Björk qui aurait mis les doigts dans la prise. Après plus d’une heure de tension, le disque tombe dans une boucle temporelle et s’achève comme il avait commencé, comme si le groupe avait fait le tour de la question.
Dans l’album suivant Heliogabale lorgnera vers des contrées plus apaisées mais n’abandonnera pas définitivement les décharges électriques qui referont leur apparition en 2004 dans «Diving», autre sommet de la discographie du groupe.
* avec qui d’ailleurs elle partage une scène dans le film «Bye Bye Blondie» de Virginie Despentes.