Sloy – Electrelite

Après des débuts fracassants et une notoriété grandissante, Sloy était attendu au tournant pour ce troisième album. Bien installés dans la campagne rennaise, ils se sont mis au diapason régional en nous refaisant le coup du « Grand Fossé » d’Astérix : d’un côté les déçus, de l’autre les inconditionnels, dont l’auteur de ces lignes, emportés par le groove et la musicalité d’ « Electrelite ». Certes, pas de fulgurance géniale comme « Pop » ou « Idolize », mais une montée en puissance progressive, comme une soirée trop arrosée idéale, d’abord on renverse la table basse d’un coup de talon, et au final on se retrouve dans la chambre à coucher à empêcher les voisins de dormir.

Après avoir créé leur propre studio d’enregistrement, Sloy s’est pris la tête pour sortir ce disque, travaillé et retravaillé, remplaçant une guitare par quatre autres par-ci, la voix par une trompette par-là. Mais sans rien enlever à leur énergie créative, ni à un chant toujours dingue ; et en laissant une place encore plus grande à la basse, devenue de fait le vrai boss, rappelant au passage l’influence permanente de Devo dont ils se revendiquaient.

« Electrelite » est finalement moins ardu et plus facile d’accès que ses prédécesseurs, base de lancement parfaite pour la fusée Gonzalez sur scène ; une salle d’enregistrement étant par nature trop étriquée, ils ont voulu en pousser les murs et y faire entrer leur son live. Résultat, sous de primes abords plus calmes, c’est un album d’où sourd une explosivité permanente, qui donne envie de sauter partout et de bénir cette époque si riche qu’elle nous permettait d’aimer un groupe de noise aussi festif.

Sloy n’aura pas survécu à « Electrelite », et on repense alors au cynisme du dernier titre de leur discographie : « Electric Survivor ». On aurait presque envie de se demander pourquoi, de chercher dans les interviews de l’époque des signes avant-coureur, mais ça ne servirait à pas grand chose. Le mieux c’est encore de débrancher le cerveau et tirer la langue à « ceux d’en face » avec force postillons, certains que nous sommes de la beauté unique d’ « Electrelite », quitte à se laisser emporter par la vague d’électro-spermatozoïdes de la pochette, thème cher à Gonzalez.

Sources:
https://www.magicrpm.com/souvenirs-magic-rencontre-avec-sloy-en-1998/
https://www.allmusic.com/artist/sloy-mn0001915493
https://offthebeatentracklists.wordpress.com/tag/devo/
https://www.youtube.com/watch?v=jadvt7CbH1o