Toxic Bee Buzz – Visceral

Combien de « Visceral » reste-t-il à découvrir ? A l’heure actuelle, l’INRAP a plus de chances de déterrer ce disque près d’une ligne LGV en construction que quiconque d’en trouver une trace sonore sur le net. Vingt ans plus tôt, il fallait certainement déjà s’en remettre au hasard pour tomber sur Toxic Bee Buzz tant le groupe semblait évoluer sous les radars malgré une liste conséquente de premières parties pour des pointures du genre. Toxic Fi Buzz.

Musicalement, TBB se situe à la croisée des chemins entre la scène ricaine – Jesus Lizard en tête – et des groupes tels que The Birthday Party ou Gallon Drunk, avec un moteur punk mais une aérodynamique qui puise dans le jazz et le blues*. Une boite de vitesse soumise à rude épreuve avec les plans, les changements de rythme et les dérapages qui s’enchaînent mais une conduite qui reste fluide, comme Ari Vatanen dans les virages de Pike Peaks, le verre de lait en moins à l’arrivée. Le chant, rugueux, s’autorise également les sorties de route, tout comme les passages mélodiques plus ou moins furtifs qui contribuent un peu plus encore à cette impression de maîtrise totale.

Une maîtrise totale de leur art qui ne vire jamais à la récitation mécanique d’influences ou à la démonstration stérile mais qui les a peut-être placé dans un entre-deux fatal, un peu trop violent pour les fans de P J Harvey ou Nick Cave, pas exactement dans les esthétiques chéries par les fanzines de l’époque. On perdra définitivement** leur piste après un dernier album au son encore plus abrasif, « Libido », en 2001 et une fugace incursion sur la toile en 2010 avec un Toxic Bee Buzz légèrement apprivoisé mais à la patte demeurée intacte. L’avis de recherche est lancé.

* Certainement pas un hasard si la marque de la bagnole s’appelle Groove Deluxe

** On aurait néanmoins retrouvé la trace du guitariste à la Réunion officiant au sein des excellents Pamplemousse grâce au témoignage du bassiste de LANE à lire ici : https://exitmusik.fr/5-chansons-5-disques-par-lane/