Portobello Bones – Nu

Brian Eno disait : « Je crois que tous ceux qui ont acheté un exemplaire de cet album ont monté un groupe ». Eno évoquait alors The Velvet Underground & Nico, on ne te la fait pas, mais la formule s’applique à la lettre au premier long format discographique de Portobello Bones.

Nu est un album complexe, aussi sombre que l’est son graphisme, enragé, dont toute la tension bouillonne dès les trois premières notes, prémices d’un big bang déroulant 46 minutes d’idées plus exaltantes les unes que les autres (les trois notes d’ouverture incluses). Mais la maturité de la noise que signe ici le trio tourangeau, innovante et inventive, pourrait ne constituer qu’une part de la puissance de ce disque, puissance qu’il partage avec son propos. « Nǚ » est en fait le sinogramme de « femme». Les textes, grondés, clamés, ou même chantés, ont tous été écrits par des femmes et traduisent ainsi sans réécriture les révoltes et témoignages noirs des vies de leurs autrices.

Passionnant et solide sous tous ses aspects, exemplaire artistiquement et viscéralement intelligent, cet album n’a rejoint que trop peu d’étagères. Mais ceux qui le possèdent ont érigé une scène.

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