Diabologum – #3

Je suis insensible aux paroles des chansons ou plus exactement je préfère ne pas écouter, ça me déconcentre quand j’écoute de la musique. Au mieux on s’en fout de ce que peut bien raconter un chanteur, qu’il soit malheureux ou révolté à force de s’ausculter le nombril. Au pire, ça salit la musique. C’est pour ça que le rock américain me va bien. Déjà c’est en anglais et vu mon niveau, autant essayer de rentrer en communication avec une baleine à bosse. Et puis aux US le chanteur n’est pas autorisé à rentrer dans le studio, il doit faire sa prise voix depuis les chiottes. Bonheur.

Je suis insensible aux paroles donc, sauf qu’il y a Diabologum.

En 1996, Diabologum a déjà pondu deux albums pop arty, mariage entre nouvelle chanson française, Dominique A en tête, avec la sainte trinité du pop rock indé Sonic YouthPixiesNirvana et ses apôtres lo-fi, amen. Pop Inrocks compliant qui autant dire passe sur moi comme une goutte d’eau sur la peau hydrophobe d’un gecko. Sort alors leur troisième galette #3, non-titre, oxymore du disque. Spoken words, slam ou rap, collage, William Burroughs, la nouvelle vague en Providence. Les résumés de télé 7 jours deviennent des hymnes, des pensées griffonnées au crayon de papier ne quittent plus les oreilles. Et puis le rock, le bon évidemment, Sonic Youth, Slint, que sais-je, Tricky.

#3 aurait dû se gonfler d’autosuffisance, le melon à 200 bar. Mais les mystères de la création en ont jugé autrement, Diabologum a tout aspiré, Diabologum a tout explosé.

« Quand j’ai ouvert les yeux, le monde avait changé

Au milieu du mois d’août, je crois qu’il a neigé

Il n’y avait plus personne aux terrasses des cafés

Et tous les magasins étaient fermés

On aurait dit la guerre ou bien un jour férié

Sans repas de famille et sans électricité

Il n’y avait rien à faire

Et rien n’a été fait »

Diabologum – De la neige en été

En savoir plus : Autour de #3, de Diabologum