Hems – Idreamtiwasmyowncage

Un article dans un magazine, une pochette rose, une vis, une description, noise, cold wave, expérimental. Et un lieu, aux confins de cet Est que personne ne veut connaître ou alors juste assez pour en faire le décor d’un Goncourt et que personne ne défend, pas même ses habitants. Surtout ceux qui, finalement, n’y sont pas si malheureux. Mystère.

Quelques mois plus tard, je tombe par hasard sur ce disque abandonné sur le lieu même de sa naissance. Et c’est la claque, la grosse claque, du genre de celle qu’un entomologiste doit se prendre après la découverte hasardeuse d’une nouvelle espèce, magie de la sérendipité.

Difficile de dire d’où provient l’étrange fascination que suscite ce disque sorti de nulle part, si ce n’est peut-être de quelques rares fragments de Joy Division, Birthday Party ou Throbbing Gristle. Ou seraient-ce les paroles murmurées au mégaphone, les colères qui s’étirent et se lâchent sur « Whispers », « Float », « Bark », le swing tendu d’« Everybody’s Dead » ou presque acidulé de « Grief » ?

Halluciné, jusqu’à cette séance finale de collage imprimant encore plus profondément la marque unique de ce disque qui, effectivement, demeura sa propre cage tant personne n’en entendit parler. Personne hormis l’ami qui assista avec moi à l’improbable concert au Joker – une boîte de nuit du coin où Hems joua devant 10 personnes max – et que l’album suivant subjuguera. Un « Lourd comme l’air » différent, l’électro et le français s’apprêtant à remplacer le mégaphone pour amplifier les murmures.