Tout le monde connait PJ Harvey (Bridport / Bristol), inutile de revenir sur le talent de l’artiste. En revanche, pas grand monde ne connait Automatic Dlamini (Bristol), le groupe de John Parish dans lequel PJ Harvey officiait à la guitare et au chant.

Rob Ellis, le batteur à l’œuvre sur les deux premiers albums de PJ Harvey a pondu avec sa formation Spleen trois disques embrassants de larges pans de la musique populaire et savante.

Spleen : « Soundtrack to Spleen » (1996), « Little Scratches » (1998)

PJ Harvey : « Dry » (1992) , « Rid Of Me » (1993), « To Bring You My Love » (1995), « Dance Hall At Louse Point » avec John Parish (1996), « Is This Desire » (1998), « Stories From The City, Stories From The Sea » (2000)

Slowdive (Reading) est passé du milieu de tableau de League One du shoegaze dans les années 90 à la ligue des champions ces dernières années. Il reste de l’espoir pour l’ANSL.

« Just For a Day » (1991) / « Souvlaki » (1993), « Pygmalion » (1995)

Cranes (Portsmouh) a d’abord été tiraillé entre mélodies éthérées et teintes indus, avant d’être rattrapé par la dream pop. Un des membres a joué dans un Velcro (Portsmouth) hypnotique mais non moins intéressant.

Huggy Bear et Blood Sausage viennent de Brighton, l’un fait du Sonic Youth à la plage, l’autre préfère rester dans le garage.

Huggy Bear : « Webitched » (1992) Face A & Face B, « Weaponry Listens To Love » (1994)

Sun Carriage (Plymouth puis Londres) est l’auteur de seulement deux mais néanmoins excellents EP de rock’n roll abrasif en début de décennie. Contient un musicien passé par Loop.

« A Kiss To Tell » (1991) / Peel Session (1991)

The Becketts (Somerset) savait concocter des pépites de mélodies doucement abrasives et bien trop confidentielles

« Myth » (1992)

Chapterhouse est un groupe shoegaze d’Oxford, terre d’élection de Radiohead, Ride ou bien encore Swervedriver (récemment réactivé sur le label Rock In Action de Mogwai pour le bien de tous). Le Toshack Highway du guitariste mérite également de s’y attarder.

Chaine YT de Chapterhouse / Swervedriver : « Raise » (1990), « Mezcal Head » (1993) / Radiohead : « Pablo Honey » (1993), « The Bends », « OK Computer » (1998), « Kid A » (2000)

Bristol n’a pas seulement été le repère du trip-hop dans les années 90. La ville comptait également un grand nombre de formations que l’on pourrait qualifier de post rock, comme Flying Saucer Attack, Movietone et Crescent.

Amp a la particularité de compter une française au chant (Karine Charff). Quant au seul membre permanent de Third Eye Foundation, Matt Eliott, il réside désormais à Nancy et sort toujours des disques chez Ici D’ailleurs.

Le séjour dans le sud-ouest de l’Angleterre se termine avec d’un côté deux groupes psyché, The Heads (Bristol) et Appliance (Exeter), et de l’autre Oil Seed Rape (Gloucestershire) qui produit de la véritable noise de Chicago d’Angleterre.

The Heads : « Everybody kows we go nowhere » / Chaine YT Applicance / Oil Seed Rap : « Paid » (1992), « Six steps to womanhood » (1993) face A, face B

Milk (Norwich puis Londres) délivrait un hardcore tordu et métallique dont l’unique album sorti en 1991 s’intitulait Tantrum. Le groupe a d’ailleurs partagé l’affiche avec Drive Blind lors d’un concert à Lyon. Quelques temps plus tard naissait à Montpellier un side-project hardcore tordu et métallique répondant au nom de Tantrum… Hasard ou coïncidence ?

compile YT 

The Wolfhounds (Romford) est la première (excellente) formation post-punk du créateur de Moonshake. Le groupe n’a pondu qu’un seul album dans la décennie qui nous intéresse, en 1990, avant un hiatus de 25 ans et un nouvel album sorti en 2016. Entre-temps, d’anciens Wolfhounds ont monté l’éphémère et rugueux Crawl.

« Attitude » (1990)

Playground puis Splintered sont issus de la station balnéaire de Herne Bay, mais leur musique n’évoque pas tout à fait le doux ressac de la mer sur une paisible plage du Kent.

Foreheads in a Fishtank (Rayleigh) était agressif et cinglé, deux bonnes raisons de l’écouter. Strobe (Hertfordshire) était un groupe de psyché rock méchant du nord de Londres.

Playground : « Resilience » (1991) / Splintered : « Parapraxis » (1992) / « Moraine » (1996) / Forehead in a fishtank : Peel Session (1991)

Understand (Southend) c’est du post-hardcore, compris ?

Magoo (Norfolk) faisait de l’indie pop sympatoche. Catherine Wheel a connu un certain succès avec un style oscillant entre pop typiquement anglo-saxonne, shoegaze et grunge plus ou moins comestible.

Catherine Wheel : « Ferment » (1992) / « Chrome » (1993) / « Happy Days » (1995) / « Adam and Eve » (1997)

Mclusky (Cardiff) est encore balbutiant dans les années 90, il faudra attendre la décennie suivante pour qu’ils pondent des hymnes shellaciens.

Futur of the Left le groupe du frontman Andy Flakous qui a succédé à Mclusky est tout aussi marquant d’ailleurs.

« My Pain and Sadness Is More Sad and Painful Than Yours » (2000)

Dubwar (New Port / Casnewydd south wales), évoluait sur le file du rasoir entre metal qui tâche, rap et reggae, entre plaisir coupable et chef d’œuvre.

Justin Broderick from Birmingham a coulé de la fonte dans a peu près tous les styles dans les années 90 :

• Godflesh
• God, évoqué dans EURONOISE Vol. 8 Londres
• Sweet tooth, d’essence fugazienne au plomb
• Ice, un Godflesh concassé presque meilleur que la version en un seul morceau
• Head Of David (Dudley), premier groupe dans lequel a joué Brodrick, avant même Napalm Death.

Godflesh : « Slavestate » (1991), « Selfless » (1994), « Song of Love and Hate » (1996), « Song of Love and Hate in Dub » (1997), « Us and Them » (1999) / Sweet Tooth : « Soft White Underbellly » (1990), « Crash Live » (1994) / Ice : « Under The Skin » (1993), « Bad Blood » (1998) / Head Of David : « Seed Stage » (1990)

Cable Regime (Birmingham) fait de la noise mais ne contient pas de Justin Brodrick. Néanmoins, le leader du groupe a maintes fois collaboré avec le nabab de l’indus, que ce soit dans la formation pré-Godflesh Fall Of Because, Godflesh ou Final.

Avec 0% de Justin Broderick :

• Spacemen 3 (Wolverhampton) : les parangons de la musique psyché et précurseurs du shoegaze terminent leur existence en 1991. Les uns formeront Spiritualized, les autres Spectrum dans la continuité de Spacemen 3, ainsi que l’ambiant Experimental Audio Research. Un Spacemen 3 a également sévi dans le side project psyché The Darkside (Rugby)

Spacemen 3 : « Dreamweapon » (1990) / « Recurring » (1991) / Spectrum : Soul Kiss (Glide Divine) (1992), « High, Lows and Heavenly Blows » (1994), « For Ever Alien » (1997)

• Adorable (Coventry) shoegaze précédé par Beautiful happiness (Coventry)
• Babylon Zoo (Wolverhampton) auteur d’un unique tube planétaire. Le leader du groupe a débuté dans The Sandkins (Wolverhampton), honorable groupe de noisy pop. Un des musiciens de Babylon Zoo a joué de 72 pédales d’effet dans Drop.
• Sweet Jesus (Birmingham) a quant à lui tenté brièvement de faire rimer shoegaze avec Pixies, le tout agrémenté de pointes d’indus dance…

Adorable : « Against Perfection » (1993), « Fake » (1994) / Babylon Zoo : « The Boy With The X-Ray Eyes » (1996) / « King Kong Groover » (1998) / Drop : « Within And Beyond » (1991)

Pram (Birmingham) composait une musique entre post-rock et électro sans distorsion mais toujours singulière.

« The Stars Are So Big, The Earth Is So Small … Stay As You Are » (1993) / « Helium » (1994) / « Sargasso Sea » (1995) / « North Pole Station » (1998)

Cornershop (Leicester puis Londres) a connu son heure de gloire grâce à un joli morceau pop remixé, devenu un tube planétaire en 1997. Rien ne laissait penser que derrière cette petite bluette sur Bollywood, se cachait un groupe noisy! Francophiles, ils ont enregistré un morceau en français pour un split avec Prohibition sur lequel chante Sasha d’Heliogabale (qui évoque brièvement Cornershop dans son interview chez noise-moi). Fun Fact : Michael Gira les aurait virés de la tournée des Swans dont ils assuraient la première partie en 1995 !

« Hold On It Hurts » (1993) / « Woman’s gotta have it » (1995) / « When I Was Born For The 7th Time » (1997)

Six by Seven (Nottingham) a réussi l’exploit de pondre des chefs-d ‘œuvres de rock noise et de shoegaze sans regarder le bout de leurs chaussures.

The Telescopes (Burton upon Trent) a sorti deux albums de shoegaze extrême puis a disparu des radars jusque dans les années 2000.

« The trade mark of quality » (1990)

Le groupe se rapprochant le plus de Fudge Tunnel (Notthingham) serait peut-être Helmet.

« Hate song in E minor » (1991) / « Creep Diets » (1993) / « The complicated futility of ignorance » (1994)

La seconde moitié de la décennie voit également apparaitre des formations plus ou moins émotionnellement mathématiques telles que :

• Spy Versus Spy (Stroke on Trend)
• Tribute (Holbeach et Wisbech)
• Bob Tilton (Mansfield)

Spy Versus Spy : « Little light » (2000) / Tribute : « Torch Songs » (1997) / Bob Tilton : « Crescent » (1996) , « The Leading Hotels Of The World » (1999)

Dans la catégorie noise brute de pomme, trois groupes ont secoué la région : Slum Turkeys (Manchester), Mazey Fade (Liverpool) et Breed (Liverpool). Les premiers utilisaient des chaises électriques en guise de guitare. Le chant rappelle celui d’un petit bigleux de Chicago. Mazey Fade est infecté par le virus amrec. Breed vient de Liverpool mais a des petits airs de bush australien ou de Bayou cajun avec son blues poisseux évoquant 16 Horspower ou Gallon Drunk.

Mazey fade : « Secret Watchers Built The World » (1994) / Breed : « Grin » (1991) / « Violent Sentimental » (1993)

The Boo Radleys (wallasey) faisait dans le shoegaze avant d’être rattrapé par l’atavisme pop local.

What? Noise (Manchester) est un collectif de producteurs auteur d’un album singulier rempli d’électronique et de samples tournés vers la saturation. Dead Wrong (Cheetham Hill, Manchester) se sont tournés quant à eux vers un post hardcore tout à fait classique.

The Boo Radleys : « Ichabod and I » (1990), « Everything’s alright forever » (1991), « Giant Steps » (1993) / What? noise : « Fat » (1990)

Witchknot (Bradford) mêlait à son post-punk des instruments tel que le violon et le violoncelle, le tout rappelant The Ex ou Dog Faced Hermans. La guitariste a joué par la suite avec les excellents Donkey aux Pays-Bas (dont on parle ici même).

A.C. Temple (sheffield), groupe dans la lignée de Sonic Youth et formé en 1986, n’a pondu dans la décennie qui nous intéresse qu’un seul mais excellent album.

Après le split, un membre a surfé sur la vaguelette shoegaze dans Spoonfed Hybrid en compagnie d’un ex-Pale Saints.

A.C. Temple : « Belinda Backwards » (1991) / Spoonfed Hybrid : « Spoonfed Hybrid »

Le premier album de Pale Saints (Leeds) construit un pont entre post punk des 80’s et les velléités soniques de ce début de décennie.

Le groupe a été rejoint sur le deuxième album par Meriel Barham, guitariste au sein de Lush et prend un virage plus pop.

Buzzcocks, The Fall et le Velvet Underground font partie des références les plus souvent citées pour décrire The Wedding Present (Leeds). Les groupes orbitant autour de The Wedding Present ont des noms rigolos : Tse Tse Fly (sous influence sonique) et Cha Cha Cohen (excellent groupe psyché protéiforme).

Chaine YT Pale Saints

Cha Cha Cohen (1999) / Chaine YT Wedding Present

Le Yorkshire est également :

• Emo avec Month of Birthdays (Leeds), Imbiss (Leeds), Baby Harp Seal (Leeds), Castle & Car Wrecks
• Métallique avec Manfat (Middlesborough)
• Foutraque avec les excellents Death by Milkfloat (Kingston upon Hull) et Boyracer (Leeds puis US)
• Tourné vers l’Atlantique et peut-être un peu vers Birmingham avec Zoopsia (Leeds)

Manfat : « Baby Harp Seal » (1996) / Boyracer / Peel Session (1987) de Death by milkfloat

La visite du Yorkshire se termine en douceur dans la banlieue de Leeds avec le post-rock soyeux de Hood (Wetherby).

L’ancien royaume damné des Angles comptait en son sein un groupe au rock inspiré répondant au nom Crane (Ashington), qui n’a jamais eu la reconnaissance qu’il méritait au-delà de ses terres (hormis de la part de l’incontournable John Peel of course). Pas de trace de l’album mais quelques vidéos ici.

Newcastle pouvait compter sur David Ginola ainsi que sur Meredith et sa noisy pop sympathique pour s’enjailler.