EURONOISE90 Vol. 6 : Das Noïz Qualität

Un fait historique majeur bouleversa l’Allemagne à l’orée de la décennie : David Hasselhoff célébrant l’année 1990 synonyme de nouvelle ère en chantant « I’ve been looking for freedom », vêtu d’un perfecto qui clignote du haut d’un pont élévateur qui surplombe les restes du mur de Berlin. La réunification[1] des deux Allemagne interviendra quelques mois plus tard (attention, corrélation n’est pas raison).

Chez nous, l’émotion des premiers mois s’estompe rapidement, les répercutions de cette fusion inédite n’intéresse bientôt plus grand monde. Et si l’Allemagne redevient ce voisin raillé (pour son passé, sa langue, le combo claquette-chaussette), le pays est en revanche un peu moins jalousé, en raison d’une économie en berne et des performances de l’équipe de France qui prennent le pas sur les traumatismes de 1986 et surtout 1982.

Côté musique, c’est sur le marché de la daube que l’Allemagne creuse le déficit commercial avec la France. Et ce quel que soit le légume employé : le slow en moule-burne (Scorpion), l’érotico-électro-new age grégorien (Enigma), la pop plate (Fools Garden), l’eurodance (Haddaway, Snap) ou l’eurodance metal (Ramstein). Nein danke Deutschland ! Mais bien entendu, il aura suffi d’un coup de pelle en dessous de la veine de lignite sonore pour (re)découvrir l’étendue de la scène allemande, peut-être moins décisive que son aïeule post 1968 mais tout aussi foisonnante. Visite guidée.

Sommaire :

  • Berlinoise : Die Haut, Malaria, Einstürzende Neubauten, Caspar Brötzmann Massaker, Mutter, Knochen = girl, Surrogat, 18th Dye, Wuhling, Ambush, The Golden Showers, Monoland, Noise Deutschland, ULMe
  • Hamburger noise : Faust, George & Martha, Mastino, Fuehler, Kommando Sonne-nmilch, Rossburger Report, Die Erde, Das Weeth Experience, Allwissende Billardkugel, Blumfeld, Tocotronic
  • Rhénanie du Noise / Duo Basse-Sax : Les Hommes qui Wear Espandrillos, Party Diktator, Chung, Cerulean, Pilot in Paris, The Delta Connection, Porf, Nagorny Karabach, Spokoj, Yage, Kubiak, Sometree, Azure, Locust Fudge, Hip Young Things, Sharon Stoned, Pendikel, Sankt Otten
  • October noise : The Notwist, Potawatomi, Village of Savoonga, Fred is Dead, Subraum Kader, Couch, Alles Wie Gross, Ogonjok, See Ya !, Nothing Left To Grasp, Robocop Kraus, Bambi Davidson, One Man and his Droid, Maggat, Cyan, Pelzig, Slut, Day Housten, Coney Noise
  • Forêt noise : Kurt, Gentle Veincut, Dawnbreed, Monochrome, Craving, Stale, Sog, 2 Bad, Danse Macabre, Tuesday Weld, Drivers, Scumbucket, Giljevic-noise-explosion
  • Ex-Allemagne de l’Est : Killed on X-mas, Mad X-Ray, Chromosome 86, Believe in Falter, Gefahrenzone, Sandow, Das Freie Orchester

Playlists (NB : la playlist Youtube est la plus fournie)

Berlinoise

Certes, Berlin dans les années 90 est surtout devenu un haut lieu de la techno, certes Einstürzende Neubauten ne tape plus trop sur des bambous, mais la ville continue à faire du bruit.

Die Haut, monument du post-punk outre-Rhin,  poursuit sa route dans les années 90 en sortant trois albums. Le groupe est quasi inconnu chez nous, pourtant aux vues des featurings parsemant ses albums, le groupe a de quoi susciter a minima la curiosité : Nick Cave (l’album commun « Burning The Ice » de 1983 est un chef-d’œuvre), Debbie Harry, Jeffrey Lee Pierce, Lydia Lunch, Kim Gordon, Alan Vega

Le groupe Malaria ! de Susanne Kuhnke (qui a fait partie de Die Haut dans les années 80) évolue dans un style New Wave.

Noise, fille de l’indus : difficile de passer à côté de Einstürzende Neubauten, même si le groupe s’est assagi. Bliga Bargeld, leader de EN a lui aussi collaboré avec Die Haut.

Die Haut : « Head On » (1992), « Sweat » (1993)

Einstürzende Neubauten : « Tabula Rasa » (1993) / « Ende Neue » (1996) / « Silence is Sexy » (2000)

Caspar est un peu le guitar hero de la noise, mais son trio Caspar Brötzmann Massaker n’est pas un dérivé du branlage de manche. Plutôt du genre à envoyer sa guitare se faire usiner dans un établissement métallurgique de la Ruhr. Après cinq albums, Caspar s’en va faire fondre l’acier ailleurs, chez Nohome par exemple, toujours en trio.

Sonik N°3, janvier 1993

Mutter est né des cendres de Campingsex (noise wave 80’s), Blue Berlin (zönihk youß gothique) et Brosch (garage gothique). À l’image de la mère de Goodbye Lenine, Mutter ne semble pas au courant que le mur est tombé et délivre une noise claustrophobique à souhait. Knochen = girl est autre bel exemple de noise sombre et industrielle berlinoise.

Knochen = girl : « Versöhnt Mit Der Welt » (1989)

Le guitariste de Surrogat (Berlin) est le fondateur du label electro Kitty-Yo (Gonzales, Peaches, Tarwater), pourtant c’est du côté de Shellac qu’il faut chercher les influences de Surrogat. Le groupe a sorti cinq albums entre 1995 et 2002 qui mêlent la noise chicagoan à la langue de Goethe. Le guitariste officie de nos jours dans Gewalt et c’est plutôt pas mal (toujours en allemand).

Chaîne Youtube de Surrogoat

Sonik 8, mai 1996

Vous connaissez des groupes français ? – Cut The Navel String, Hems, Heliogabale et Polnareff

18th Dye dans la Gazette des gazelles N°22

18th Dye c’est : un style qui évoque Sonic Youth ou Yo LaTengo, des albums enregistrés par Ian Burgess, Peter Daimel et Steve Albini, trois Peel Sessions. Le groupe se sépare en 1999, ses membres fonderont bien plus tard les remarquables Voodoo Beach, Levent et Test.

Wuhling est un groupe tout autant épris que 18th Dye d’arcs électriques et de délicates mélodies. Eux aussi ont enregistré au studio Black Box. Ils ont signé un album chez City Slang, un autre chez Touch & Go. Rien que ça.

« Club Madame » sur l’album « Done » enregistré par Ian Burgess/ Peter Daimer au Black Box studio

18th Dye : « Done » (1992), « Crayon » (1993), « Tribute to a bus » (1994) / Wuhling : « Spacebeige » (1995), « Extra 6 » (1996)

La gazette des gazelles 22

The Golden Showers évoque un Jon Spencer Blues Explosion qui aurait avalé Pussy Galore.

Le fondateur du groupe a commencé dans le big beat. Il est également passé par Stereo Total, pop 60’s aux clins d’œil französisch.

Monoland faisait du shoegaze, Noise Deutschland c’est marqué dessus, ULMe du grunge sludge et Ambush du rock bruyant qui s’affine progressivement, de « Lach ! » en 1994 à « Pigs » en 1995 et « Revue » en 1999.

Monoland : « Monoland » (1998) / ULMe : « Re-Fuse Me (6.3A/250V) » (1995), « Ordinary Diva » (1997) / Ambush : « Lach ! » (1994)

Hamburger noise

Hambourg, deuxième plus grande ville du pays, a été le théâtre dans les années 90 d’une explosion de groupes indé, à tel point que certains ont parlé à l’époque d’école de Hambourg (« Hamburger schule »). Exagération ou réel phénomène, on préfère ici se focaliser d’abord sur des groupes plus inconfortables de la cité hanséatique.

La figure tutélaire du krautrock Faust est réactivée dans les années 90. Le groupe compte parmi ses fondateurs Jean-Hervé Peron, un Français venu s’installer à Hambourg à la fin des années 60. Faust 2ème mouture a la particularité d’avoir collaboré avec Amaury Cambuzat et Olivier Manchon d’Ulan Bator au sein de Collectif Met(z), du nom de leur premier concert au festival Musiques Volantes à Metz en 1996. Ils deviendront même des membres à part entière de Faust par la suite. Amaury Cambuzat a cité l’album « Rien » comme une influence majeure pour Ulan Bator. A noter enfin l’existence de Genghis Khan, une formation Allemande manifestant la même fascination pour la Mongolie qu’Ulan Bator.

« Listen to the fish » tiré de l’album « Rien » (1994) de Faust

George & Martha a sorti un album dantesque de post-punk en 1986 (« Another Head ») et une Peel Sessions en 1990. Les membres ont officié dans la même période dans les groupes Brosch et Faith Healer aux styles proches de George & Martha ainsi que dans Arm, dans une veine plus hardcore. 

Le guitariste s’est essayé par la suite au hip hop en 93 (Mastino), à la noise instrumentale en 97 (Fuehler) puis au punk electro (Kommando Sonnenmilch) à partir de 1999.

George & Martha : Peel Session (1990) / Kommando Sonne-nmilch : « Häßlich & Neu » (1999) 

Rossburger Report est un collectif de 13 guitares fondé par des membres du groupe de sludge metal Eisenvater dans lequel on retrouve du Mutter et du George & Martha.

« 2 » (1997)

Das Weeth Experience rappelle un Neil Young électrique.

Enfin, Allwissende Billardkugel évolue dans les mêmes eaux qu’Echo und the Bunymen, tandis que Die Erde se situe entre noise et indus.

Chaine Youtube de Das Weeth Experience

La visite de Hambourg se termine par deux des principaux représentants de la hamburger schule dont la musique est loin d’être inintéressante (paroles en allemand) : Blumfeld et Tocotronic.

Blumfeld : « Ich-Maschine » (1992) , « L’etat et moi » (1994), « Old Nobody » (1999) / Tocotronic : « Nach Der Verlorenen Zeit » (1995), « Digital ist besser » (1995), « Wir Kommen Um Uns Zu Beschweren » (1996), « Es Ist Egal, Aber » (1997)

Rhénanie du Noise / Duo Basse-Sax

La vallée de la Rhur, poumon (encrassé) de l’économie allemande, ses usines, ses autoroutes, ses paysages urbains à n’en plus finir, bref l’endroit rêvé pour faire de la noise.

Derrière l’improbable sobriquet de Les Hommes Qui Wear Espandrillos (Hückelhoven) se cache une musique agressive entre noise et post-punk hautement recommandable. La suite est, soit plus pop avec Gaffa, soit plus abstraite avec Jealous Mountain Duo, soit encore plus bruitiste avec Roji.

« Georgette Rouen » de Les Hommes Qui Wear Espandrillos, prix Kamoulox du meilleur album en 1991

La ville de Brême a la particularité d’être un land à part entière enclavé à l’intérieur de la Basse-Sax et qui possède lui-même une enclave en Basse-Sax (Bremerhaven). L’enclave, une passion allemande.

Cet Inception géographique a-t-elle eu une quelconque influence sur la noise particulièrement énervée pratiquée par Party Diktator ? Ce qui est sûr c’est que le groupe était plus que convaincant en live ou en Peel Sessions !

« Worlwide » (1992) / « Dive Bomb »(1996) / Peel Session (1991) 

Allison N°3, février 1993

Des membres de Party Diktator ont continué dans le rock’n’roll vénère avec Chung, d’autres ont opté pour le swing (Swim Two Birds) ou l’expérimentation avec The Shift (ici avec Maria de Medeiros (Pulp Fiction) et Phoebe Killdeer, chanteuse de Nouvelle Vague).

Porf (Münster) pratiquait le grunge dans la langue de Goethe, du Groethe en somme. Et c’est plus que pas mal ! Comme son nom l’indique, l’album « Unhappy » est plus sombre et plus abstrait.

« Live Album » (1996) / « Unhappy » (1997)

Nagorny Karabach (Münster) tire son nom de l’enclave arménienne en Azerbaïdjan, théâtre d’un conflit armé entre 88 et 94. 30 ans après, rebelote. Spokoj (Cologne) faisait dans le noise rock pur et dur et ça tabasse. Un groupe allemand ou polonais selon les versions.

Yage (Cologne) était un des plus fiers représentants européens de l’emo abrasif tout comme Kubiak, un groupe parallèle. C’est fini la gueulante à présent avec Feither and Moments et Urban Home.

Sometree (Hanovre puis Berlin) évolue dans une veine typiquement emo fin de siècle tout comme Azure (Helmstedt). Toujours dans les mêmes eaux, Cerulean (Breme) s’inspire clairement de Mineral et toute la scène emoricaine. Le groupe s’est par la suite rebaptisé Pilot in Paris puis The Delta Connection.

Yage : « 17 October 1984 » (2000)

Locust Fudge (Detmold, Berlin) est un des groupes du futur Schneider TM (Dirk Dresselhaus), bricoleur de génie de l’électro. Si Locust Fudge est un pur groupe de pop indé 90’s, il offre quelques réminiscences électriques extrêmement bien senties.

Même Dirk aux manettes d’un Hip Young Things (Bielefeld), mélange de pop et boucan bien grungy.

Hip Hip Young : « Deflowered » (1992) , « Root ‘n Varies » (1993), « Shrug » (1994)

Un autre Locust Fridge a joué dans un Sharon Stoned (Ostwestfalen) qui rappelle le Motorpsycho période Sonic Youth. À moins que ce ne soit l’inverse. Difficile de ne pas penser aux Norvégiens sur un tube comme « Super Kind ».

Pour la culture générale, ces groupes ont été parfois désignés comme appartenant à l’ostwestfälische gitarrenschule (école de guitare de Westphalie orientale). Voilà de quoi briller en société (ou en être exclu à jamais).

Pendikel (Osnabrück) : mélodies omniprésentes en allemand et grosses guitares qui s’apaiseront aux abords du nouveau millénaire. Idem pour cet autre projet, Sankt Otten aux ambiances éthérées.

Sankt Otten : « Stille Tage im Klischee » (1999)

October Noise

En Bavière on se bourre de quiche, on boit d’énormes pintes de bière et ont fini en farandole en hurlant des tyroliennes ou en vomissant partout, on ne regrette pas sa soirée, déclare un des personnages d’un chef-d’œuvre du 7ème art français. Les Allemands, eux,  trouvent qu’ils se la pètent un peu dans le Sud-Est. Imaginer des Marseillais avec des grosse BMW, un OM trente fois champion de France et six fois vainqueur de la Champions League peut se résumer ainsi : l’enfer sur terre. Mais à voir la qualité de sa scène indé dans les années 90, la Bavière c’était plutôt le paradis.

Attention toutefois au risque de choc anaphylactique à l’écoute des premières sorties de The Notwist (Weilheim) : les fans de « Neon Golden » ne reconnaitront pas les orfèvres electro. Ou plus exactement, ils les reconnaitront derrière un hardcore metal souvent à la limite du supportable !

Ces débuts plombés rendent encore plus fascinante l’évolution du groupe qui, dès l’album « 12 » en 1995, se met à trousser des sons qui font mouche.

« Nook » (1992) / « 12 » (1995) / « Shrink » (1998)

«Belle de l’Ombre» n’est pas un inédit de Kyo mais bien un morceau de The Notwist

S’ils faisaient de la cuisine les Notwist seraient foutus de mélanger de l’huile de morue et du nutella

Abus Dangereux 35 à propos du 2ème album de The Notwist

Parallèlement à The Notwist, les frères Archer expérimentent dans Village of Savoonga dont les membres se retrouveront par la suite dans maints projets du label électro Morr Music. Label qui n’est pas étranger aux expérimentations électroniques de Radiohead et de Thom York en solo (Console, Lali Puna). On retrouve un Archer dans Potawatomi, auteur d’un album entre jazz et post-rock au titre mystérieux. Peut-être inspiré de l’architecture des espaces d’Abraxas (lieu de tournage de « Brazil » de Terry Gilliam).

Village of Savoonga : Split Village of Savoonoga et The Notwist (1992) / « Philippe Schatz » (1996) / « Score » (1997)

« V » tiré de l’album « Noisy-Le Grand » de Potawatomi

Fred is Dead (Weilheim, Landsberg) a parsemé ses cinq albums de musiques diamétralement opposées, alternativement tendues ou pop/folk. Les membres du groupe ont par la suite participé aux projets electro so68, Lali Puna, Saroos et Driftmachine.

Chaine Youtube de Fred is dead

Couch (Munich) est un groupe instrumental alliant les préfixes jazz, math, post, electro. Le groupe a sorti trois albums dans les années 90. Alles Wie Gross et Ogonjok (avec un frère Archer) sont deux projets parallèles plus apaisés, mais tout aussi intéressants.

Couch : « Etwas Benutzen » (1997), « Couch Fantasy » (1999) / « Ogonjok » (1997)

Robocop Kraus (Hersbruck, près de Nürnberg) est peut-être le groupe allemand qui embrassa de la meilleur des façons le revival post-punk mondial du début du millénaire, en mélangeant synthé et mélodies entêtantes à des influences plus emo. Tout ça porté par un chanteur au charisme déglingué. Le batteur a fait des calculs de trigo dans Bambi Davidson, un autre membre s’est amusé avec un robot dans One Man and his Droid tandis que le reste du groupe a versé dans l’emo avec Maggat et Cyan.

Robocop Kraus : « As long as we dance we are not dead » / Maggat : « A Pacific Puzzle » (1999) / Cyan : « Cyan » (1997)

Concert de Maggat à Nancy (Caveau des Doms) en 1998, avec quelques mots en français
«  125 rue Montmartre » de Maggat (titre tiré du film de Gilles Grangier, dialogues de Michel Audiard, 1959 avec Lino Ventura)

Pelzig (Ingolstadt) aurait pu s’appeler «  madchen gegen jugens », car les morceaux de Pelzig rappellent fortement le groupe d’un sertain Scott McCloud (en particulier le premier album). Slut est un autre groupe d’Ingoldtadt dans lequel officie un Pelzig dans un style plus apaisé.

Pelzig : « The Car Compilation » (1997)

Parmi les autres groupes Bavarois :

  • Day Housten (Fuerth) était grunge
  • Subraum Kader (Weilheim) était math rock.
  • C’est le label de Coney Noise (12 Pylons) qui est basé en Bavière, alors on les met là

Foret noise

Direction le sud-ouest de l’Allemagne, mais le seul point commun entre Toulouse et Francfort, c’est la saucisse.

Kurt (Fribourg) : imaginez un Hot Snakes qui aurait mis les doigts dans la prise (pas évident pour un serpent) associé à Shotmaker et vous obtiendrez quelque chose d’assez proche de Kurt. Au 21ème siècle, le guitariste fondera Ten Volt Schock, une électrocution toute aussi jouissive, et plus récemment Yass, une version synth noise et tout aussi dévastatrice des susdits groupes.

« 12 » (1996) / « Schesaplana » (1998)

Gentle Veincut (Francfort) n’a pondu qu’un seul véritable LP en 1994, néanmoins leur style libéré de tout carcan (qui pourrait rappeler par certains aspect un groupe comme Unwound) fait d’eux un des plus solides spécimens de la noise d’outre-Rhin. En 2016, ils ont sorti un split avec l’entreprise de menoiserie nîmoise Poutre.

Dawnbreed (Boblingen) a commencé par beugler comme un veau avant d’élargir sa palette et de devenir passionnant, comme un At The Drive In du Bade-Wurternberg. Après leur album « Aroma » de 1998, le groupe s’assagit et devient Monochrome (Stutgart/Zurich).

Dawnbreed : « Kiosk » (1995), « Aroma » (1997) / Monochrome : Monochrome : « Laser (View From The Exterior) » (1999)

Craving (Stuttgart) a distillé durant 17 ans de la noise rock pure et dure, que l’on retrouve ensuite, avec une recette à peine modifiée, dans Buzz Rodeo, Unbite et Spark Unit.

C’est un Américain pur jus qui officiait derrière le micro de 2 bad (Hombourg). Le groupe évoluait dans un style punk bruitiste inventif et très énervé. On trouve des traces de 2 Bad de nos jours dans Trainer.

Danse Macabre (Balingen) a encore des airs de gothique 80’s derrière les volutes de larsen de « Bad But Not Bad » paru en 1991. Bien moins jazz que Bad Bad Not Good donc, mais bien good quand même.

« Bad But Not Bad » (1991)

Tuesday Weld (Sinsheim) citeaitDinosaur, Sebadoh, Hüsker Dü, Notwist et surtout Motorpsycho et c’est vraiment cool. Comme disait un de nos grands leaders, ça fout la pêche, la super pêche. Ses membres ont joué dans Sharon Stoned, Locust Fudge puis Schneider TM.

« Herself » (1996)

Et sinon :

Ex-Allemagne de l’Est

Difficile de parler de ce qu’il s’est passé dans les lands de l’est de l’Allemagne dans les années 90 sans évoquer l’existence fascinante d’une scène punk dans une RDA sous surveillance constante de la Stasi (une compilation est écoutable ici). Impossible également de taire le fait que Tokyo Hotel et Ramstein sont originaires de l’Est (respectivement Magdebourg et Berlin-Est). Le prix à payer pour la réunification fut effectivement très élevé.

Killed on X-mas (Rostock) a sorti son 1er album en 1994, le groupe était porté par le guitariste du groupe d’indus metal à tendances bruitistes Death Joy (fondé en 1988).

L’album de Killed on X-mas sorti en 2000 est particulièrement réussi.

A Leipzig, Mad X-Ray faisait de la bonne grosse noise dopée à la Redbull, Chromosome 86 de l’indie rock bruyant aux belles mélodies et Believe in Falter de la new wave.

Gefahrenzone (Saalfeld) était un groupe de punk actif sous le régime de la RDA de 1985 à 1990. Idem pour Das Freie Orchester (Berlin-Est) qui jouait une sorte d’ostkraut rock.

Gefahrenzone : « Saalfeld by Night » (1990)

Sandow (Cottbus) a sorti son 1er album en 1990 sur Amiga, le label d’état de la RDA… pas exactement ce qu’on appelle un label indépendant !

Leur ironique « Born in the GDR » a été un vrai tube. Un morceau d’histoire.

« Stationen einer Sucht » (1990) / « Der 13 Ton. » (1990) / « Fatalia » (1992) / « Stachelhaut » (1999)

Hyacinth 9, septembre 1992

[1] ou la liquidation pure et simple de la RDA selon les interprétations