Les Thugs. On en parle ou pas.

Dans toute famille, il y a des sujets compliqués. Surtout depuis peu : pour ou contre le Covid ? Pour ou contre une guerre nucléaire ? Pour ou contre enfermer toute l’année Francis Lalanne à Fort Boyard ? Bref, ça se chamaille chouilla, et il ne faut pas bien longtemps avant que ça se finisse à coups de ‘tiags.
Et bah nous aussi chez Noise-moi, nous avons notre hache de guerre, notre pain quotidien dans la gueule, nos silences tendus quand le fraternel ennemi ose ramener le sujet sur la table.

Sauf que chez nous, c’est du sérieux, c’est du qu’on rigole pas avec, c’est du qui fait qu’on en est à se fourrer des aiguilles dans des poupées à nos effigies. Parce que chez nous, le sujet qui fâche, c’est les Thugs. Précisément, c’est : Les Thugs, on en parle ou pas ?

Hé ouais. Parler de Noise française des 90s sans parler des Thugs, c’est un truc qui semble pas trop en déranger certains ici, parce que ces gens-là ils pensent comme ça que les Thugs ça serait pas de la Noise, comme probablement beaucoup de monde (dont Eric Sourice lui-même d’après l’itw qu’il nous a accordée – les citations qui suivent proviennent de celle-ci). Il est aussi et surtout beaucoup plus probable que personne n’en ait rien à foutre. Mais moi, si.

D’abord, c’est pas parce qu’ils viennent des 80s qu’ils n’ont pas en même temps (si j’ose dire) traversé toute la décennie 90s. Et c’est pas parce que leur batterie a souvent sonné keupon poutchi poutchi poutchi et surtout au début, qu’ils n’ont pas dérivé vers un son plus … noise. J’me comprends. En constante évolution, restant à l’écoute du rock alternatif de l’époque avec une porosité certaine (« On se nourrit de tout », Christophe Sourice d’après Eric), ils ont régulièrement dépassé le mur du son à grands coups de riffs, frôlant parfois la dissonance propres à d’autres groupes plus bruitistes.

Plutôt qu’inclassable (« On a toujours été un peu à côté », Eric Sourice), ce groupe était surclassable, dénominateur commun de différents courants pas forcément ultra potes entre eux mais qui se retrouvaient dans ces mélodies; parce que finalement leur grande prouesse aura été de savoir parler au petit enfant niché dans la personnalité des plus radicaux.

De toute façon personne ne sait vraiment ce que c’est que la noise (même si quelques braves ont tenté d’en capturer l’essence), donc on va clore ce débat stérile en disant que j’ai raison, ça sera plus simple. L’objectif étant qu’on parle d’eux, on va leur octroyer ici une place très spéciale, tant leur dimension humaine, éthique et scénique a servi de modèle à la couvée NF90, et tant leur état d’esprit fut à l’opposé de l’image guerrière à laquelle leur nom pourrait les associer, leurs combats ayant été ô combien pacifiquement politiques.

C’est pour ça que j’ai fait une playlist « Les Thugs C’est De La Noise Donc On En Parle », où il n’y a que des morceaux des Thugs, et que des morceaux NOISE, quoiqu’on en pense. Merci, au revoir.

Et si jamais quelqu’un y trouve à redire, je l’attends, chui prêt à en découdre, chui un fou.
Chui un Thug.

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Et pour aller plus loin, on lira des gens qui parlent bien mieux de ces héros du peuple qui ne mourront jamais, là :

Et pour aller encore plus loin, on pourra devenir l’heureux propriétaire de disques des Thugs ici :