Pierre

Rejeton accidentel de la bande, je suis trop jeune pour avoir vécu les nineties souterraines : j’ai 7 ans lorsque sort « Nevermind », mes parents sont plus Nougaro que Beatles, pas de grande sœur pour me glisser des k7 à écouter sous la couette. Le lycée, Napster, The Cure partagé dans la cour, un fascicule me commande d’écouter Killing Joke et Nick Drake. 20 ans, j’émigre à Grenoble, me mets à la guitare et tairai les branleurs de manche que j’écoutais alors…

C’est la rencontre avec Ludo vers 2005, à 600km de notre Moselle natale, qui démarre véritablement mon éducation musicale. Il me confronte au « Mirrored » de Battles, m’emmène voir Rien sur le campus, m’explique que la vie ne sera plus pareille une fois digérés « Daydream Nation », « Loveless » et « Songs for the Deaf ». Il a raison. Il partage sur une clé USB ses albums indispensables : un tas de Sub Pop et de Discord, mais aussi Drive Blind, Portobello Bones, Sleeppers, Zëro. Puis on va voir Basement à Bourgoin-Jallieu. « Everything gets distorted », parmi une petite dizaine de privilégiés.

Installation sur Lyon, séjours ponctuels à Metz et première rencontre avec Florent et Olivier, sur scène avec Aghostino. Plus tard on s’enjaille entre lorrains au mythique festival Africantape, entre Oullins et Gerland. Bizarre crochet de l’existence qui vous fait passer par les Alpes pour vous montrer l’entrée de la Face Cachée ; qui vous fait poireauter une décennie dans le 21ème siècle avant de vous connecter aux années 90.

Depuis, je me dissous lentement dans le terroir Lyonnais. Divagations entre Grrrnd Zero, Sonic et Trokson, projets musicaux inévitablement influencés par la patte Albini, implication dans diverses initiatives parmi lesquelles Ville Morte et son émission radio millésime 2016. A Lyon aussi, l’empreinte laissée par les années 90 est à la fois profonde et insaisissable, à l’image d’un autocollant Deity Guns sur une guitare à Julien Paget. J’erre en ces pages dans l’espoir d’en capter quelque substance.