Phip

1994. La fac, après des années lycée un poil galère on-va-dire-ça-comme-ça, l’impression d’avoir le droit d’être moi, un goût de revanche qu’on n’identifie qu’avec le recul. J’écoute des trucs pas racontables ici, et puis de la pop anglaise, Blur, Radiohead.
Côté disquaires, c’est nouveau, des CD sont en libre écoute ; y’en a un au graphisme bizarre et jaune dégueu, le p’tit zizi du bonhomme au milieu qui traîne, marrant, dérangeant, ça coûte rien d’écouter. Casque sur la tête, dEUS démarre ses premières notes de « Suds&Soda ». Putain de merde. Ha bon ? On a le droit de faire ça à un violon, de gueuler comme ça et foutre un tel bordel ? D’enchaîner des morceaux qui n’ont rien à voir entre eux ? Quelqu’un vient me parler : chut, repasse donc jamais, je kiffe MA vague mec.
Suit un concert au Terminal Export qui commence par Barman gueulant « Sex and Drugs » ; vient alors cette sensation d’être enfin et vraiment au bon endroit, au bon moment.

Grâce à ce concert des amitiés de 30 ans se sont créées mais ne tombons pas dans le mélo (eeeeuh ben trop tard en fait), et dans la foulée, ce même ressenti avec Bästard, Hint, Sloy, Portobello Bones, les Thugs, pour ne citer que des groupes estampillés NF90 (ou presque). Ces mélanges de fureur et d’énergie, d’expérimentation et de n’importe quoi, de dissonance, mais au final de génie, qui me font me sentir à la marge mais moi-même.

Spectateur enthousiaste de l’époque, j’embarque dans noise-moi.fr, mais on va pas se mentir, sans être un spécialiste ; j’ai juste eu la chance d’apprécier cette musique que pas grand monde n’écoute, et 2/3 trucs à en dire. Une belle imposture. Mais avec le sourire, ça ira ?

Fierté. Kérosène parlant de Mythoman, fanzine éphémère créé par certains d’entre nous dans les 90s (extrait de « No Future » dont je suis scénariste)